LE CASTOR À LA RECONQUÊTE DU BASSIN DE L'INDRE
- contactsabi36
- il y a 23 heures
- 3 min de lecture
Parmi les mammifères emblématiques de nos cours d’eau, le castor d’Europe (castor fiber) connaît une expansion importante sur notre bassin, signe d’une vitalité retrouvée dans nos rivières. Plus gros rongeur semi-aquatique du continent, il vit dans les milieux plutôt stagnants (rivière à faible pente, canaux, lacs...), sur de faibles linéaires (700 m à 3 km). Pour le reconnaître, sa queue large et plate le différencie du ragondin, ainsi que son pelage brun très dense. Il est uniquement herbivore (écorce, feuilles, tiges) et apprécie particulièrement les bois tendres comme le saule ou l’aulne pour se nourrir et faire ses barrages.

Barrage de castor sur un affluent de l'Indre aval, 2023

Trace de coupe de castor sur un affluent de l'Indre amont, 2025
Pour les scientifiques, cette espèce porte le titre d’« ingénieur des écosystèmes » (d’après Jones et al., 1995) tant il modifie son environnement pour ses besoins, apportant des services écosystémiques (= ensemble des services, offerts gratuitement aux sociétés humaines par un écosystème). Avec les barrages, il crée des milieux humides pour d’autres espèces en reconnectant le cours d’eau à sa plaine alluviale. En somme, il diversifie des habitats homogènes et participe à la restauration des cours d’eau.

Habitat du castor (d’après DUPUIS-TATE et FISCHESSER dans La Vie de la Rivière, 2023)
Mais ce rongeur a bien failli ne plus jamais peupler le bassin de la Loire. En effet, au début du XXème siècle, l’espèce a disparu de la région en raison de la chasse pour sa fourrure, sa viande et son castoréum (= sécrétion de glandes utilisée pour la parfumerie). Seuls quelques peuplements relictuels demeuraient dans la Vallée du Rhône et en Camargue où un premier arrêté de protection a été pris localement en 1909.
En raison de cette disparition à l’échelle nationale, le castor est devenu la première espèce protégée sur tout le territoire français en 1968. En parallèle, plusieurs réintroductions ont été organisées sur des bassins où il avait disparu, dont en Val de Loire de 1974 à 1976 à proximité de Blois avec 13 individus venant de la basse Vallée du Rhône. Ces interventions ont été une réussite puisque l’espèce a pu de nouveau recoloniser de nombreux cours d’eau comme l’Indre et ses affluents. En 2024, on estime le linéaire de présence avérée du castor à 2 938 km dans la Région Centre-Val de Loire d’après l’OFB (sur environ 28 000 km de cours d’eau – BD Carthage).

Carte de la répartition du castor en France métropolitaine d'après les données du Réseau Castor (OFB, 2024)
La renaissance spectaculaire de cette espèce sur notre bassin ne doit pas occulter que son état demeure préoccupant comme l’atteste son statut d’espèce vulnérable à l’échelle régionale. Son environnement est menacé par la disparition de ripisylve, la présence d’ouvrages infranchissables et la mortalité par tir, collision, piégeage ou empoisonnement. Dans ce cadre, il reste une espèce protégée au niveau national (article L 415-3 du Code de l’environnement), c’est-à-dire qu’il est interdit de le capturer ou le tuer mais aussi de dégrader son habitat (barrages et huttes). En cas de dommages induits par l’espèce comme des inondations ou des coupes d’arbres, il est essentiel de contacter votre DDT pour trouver des solutions techniques et tenter de limiter l’impact tout en préservant l’espèce.
Pour suivre l’évolution de l’aire de répartition du castor au niveau national, le SABI 36 adhère depuis 2025 au Réseau Castor coordonné par l’OFB. Notre organisme assure ainsi des prospections au cours de l’année sur des tronçons avec un protocole standardisé, permettant de mettre à jour la carte de répartition de l’espèce sur notre territoire. En cas d’observation de l’espèce ou de traces de sa présence (troncs coupés, barrages, gîtes), vous pouvez donc avertir un agent du SABI 36 qui se chargera de prospecter et de faire remonter les données au réseau national. Des suivis internes ont déjà permis de confirmer sa présence sur de nombreux affluents de l’Indre (Poinsonnet, Malville, Cité, Beuvrier, Trégonce, Ringoire, Igneraie).
Pour plus d'informations :




